I - LA SITUATION POLITIQUE DU PAYSLa monarchieLe Japon féodal est une monarchie. La famille impériale règne sur le pays et peut prendre des décisions politiques ; c'est du moins ce que l'on pourrait penser de prime abord. Il s'avère que le pouvoir est en fait détenu par le shogun, responsable de la politique du Bakufu (dictature militaire).
La famille impérialeDurant la période Muromachi (précédente à la période actuelle), la famille impériale s'est séparée en deux branches suite à une discorde. Après de multiples conflits d'héritage et de succession, les deux branches ont décidé d'opter pour une règle d'alternance, chaque branche succédant à l'autre tous les dix ans. Si, en apparence, ce système tend à être équitable, il demeure néanmoins que les multiples entorses à ces règles d'héritage continuent d'alimenter la querelle entre la branche dite du Nord et celle du Sud.
Les relations avec l'extérieurSi le Japon avait fait l'effort de s'ouvrir au commerce extérieur notamment avec l'Occident (en particulier les portugais), la Corée et la Chine, les invasions mongoles de la fin du XIIIème siècle, les vagues de piraterie récentes, un épisode de peste et la menace de la propagation du christianisme sont autant d'arguments qui ont participé à une véritable fermeture des frontières. Les échanges commerciaux se sont donc raréfiées avec l'extérieur, même s'ils demeurent encore actif pour certains, surtout avec la Chine. Un climat de méfiance règne par rapport à une indésirable ouverture vers le reste du monde.
La monnaieLe môn est la monnaie japonaise. Il ressemble au wen chinois. Les pièces dites môn sont en cuivre ou en fer, de forme circulaire avec un trou carré au centre, et circulent en même temps que des lingots d'or ou d'argent, appelés shu, bu et ryō, dont le rapport est 4 000 mon = 16 shu = 4 bu = 1 ryo.
La répartition des terresLe Japon n'est pas totalement unifié. Il est divisé en provinces dirigées par des seigneurs (la plupart du temps des "shugo"), souvent issus de clans célèbres. De fréquents conflits et des alliances éphémères ont lieu notamment pour contrôler ces provinces.
La valeur d'un territoire est calculée en koku de riz (un koku = 180 litres de riz, soit la quantité que mange un individu en moyenne par an). Les richesses d'un individu peuvent se mesurer à partir de cette unité.
La capitale du pays est Kyôto.
Les différentes classes socialesLes castes sociales fonctionnent selon un système hiérarchique :
- La Cour impériale, incluant l'Empereur et sa famille ;
- Les nobles (kuge)
- Le clergé, dont faisaient partie les moines et nones bouddhistes et shintoïstes ;
- Les guerriers (bushi), composés des samuraï, des shugo et shogun ;
- Les paysans (hikan) ;
- Les marchands et les artisans regroupés dans la catégorie des habitants des villes (chōnin) ;
- Les eta (littéralement « pleins de souillures »), parmi lesquels on retrouvait notamment les bouchers, les tanneurs et les équarrisseurs.
Place des femmesHistoriquement, les femmes sont considérées comme l'égale des hommes dans le Japon féodal. Si le régime du Bakufu tend à être patriarcale, il n'est pas rare de voir des femmes guerrières. Les femmes peuvent également avoir une grande influence sur les provinces.
Sur le forum, les femmes sont considérées à égale mesure avec les hommes.
L'adoptionIl est courant, dans la plupart des clans, de faire une adoption et ceci quelque soit l'âge du sujet adopté. Ce geste symbolique est régulièrement employé par certains Shugo pour léguer leur terre à un homme qui leur prouve sa loyauté. La possibilité d'être adopté est à ce titre l'un des seuls espoirs du peuple pour s'élever dans la hiérarchie. Une fois adopté, l'individu prend le nom du clan et peut également être amené à changer de prénom.
Le travailLe travail du bois
La sériciculture (élevage des vers à soie)
L'agriculture, les rizières
La charpente
La pêche
...
II - LE RÉGIME DU BAKUFU Le "gouvernement sous la tente"C'est le nom que l'on donne au régime du Bakufu. Dans cette dictature militaire, l'Empereur lui-même n'a plus qu'un rôle figuratif et c'est en réalité le shogun qui dirige les affaires politiques, administratives et militaires du pays. Ce régime donne la part belle à la classe des Buke (guerriers).
Si certaines provinces appartenaient jadis aux kuge (nobles) ou aux gokenin (les vassaux de l'ancien régime), il se trouve que sous la période Muromachi ces derniers sont progressivement dépouillés de leurs biens par les shugo (seigneurs provinciaux). Les anciens vassaux étant assignés à la capitale près de l'Empereur pour la plupart, ils ne peuvent que laisser le droit de gérance de leurs terres à ces nouveaux émissaires du shogunat, désignés par le shogun lui-même. Ce système tend à affaiblir le pouvoir impérial à travers la dépossession politique et territoriale des partisans de l'Empire et à renforcer le régime du Bakufu avec la présence des shugo.
Le lien de vassalitéLes shugo sont les vassaux du shogunat en priorité, mais tous ne font pas preuve de la même loyauté. En effet, dans certaines provinces, le clan shogunal (Ashikaga) n'est pas parvenu à déloger certaines familles originales de shugo, par exemple les Sasaki, Togashi, Takeda et Ogasawara dans les provinces centrales, et les Shimazu, Otomo et Shoni dans Kyūshū. Dans les provinces du centre et de l'ouest cependant, près de la moitié des shugo sont de nouveaux titulaires. On compte par exemple parmi les familles loyales au shogunat les Hosokawa, Yamana, Imagawa, Hatakeyama, Niki, Kira, Shiba, Ishido et Isshiki. Cependant, même cette vassalité est fragile, compte tenu des différents complots qui abondent à cette période.
Au cours de l'incident de Kan'ō (conflit entre les deux frères Ashikaga sur la politique des terres), les liens de direction des Ashikaga avec les nouveaux membres n'ont pas empêché certains de ces shugo de se rebeller ouvertement contre le régime. En fait, les institutions coercitives du régime font cruellement défaut dans cette période vis-à-vis des shugo. Ces derniers agissent souvent de leur propre chef et l'autorité shogunale manque d'emprise et de stabilité. Les mesures prises par les successeurs du premier Shogun ont certes permis d'asseoir le pouvoir des Ashikaga ; mais elles n'éteignent pas la flamme de la rébellion pour autant.
Le conseil des kanrei et le conseil des principaux vassauxInstitué pour aider à rétablir l'autorité shogunale dans une période d'instabilité, le conseil des kanrei permet de fidéliser les vassaux et d'étendre l'influence du régime. Ce système est constitué de deux composantes, le « bureau des kanrei » et le « conseil des principaux vassaux » que président les kanrei. Le conseil des kanrei comprend les plus puissantes familles de shugo en tant que participants au gouvernement direct du Japon. Avec le shogun, le conseil des kanrei constitue le cœur du régime de Muromachi et permet de relier les dimensions militaires et administratives du pouvoir. Les shugo peuvent alors prendre des décisions politiques et c'est sans doute grâce à cela qu'ils deviennent fidèles au régime.
Le conseil des kanrei, sur le forum, est réduit à quatre élus. Ces derniers sont assignés par le shogun lui-même. Le conseil des principaux vassaux, à l'inverse, rassemble tous les représentants des familles puissantes, tout en étant présidé par le shogun et les kanrei qui agissent en tant que médiateurs. Tous les shugo s'inscrivent donc pleinement dans la politique du pays. Néanmoins, une compétition s'instaure tacitement pour conquérir la place de kanrei.
Il existe toutefois une exception, celle du quatrième kanrei nommé "Kantô-kanrei". Il s'agît du kanrei désigné par le shogun pour assister le Kantô-kubo à Kamakura. Le Kanto-kanrei est donc le vassal privilégié du "vice-shogun" et possède, à ce titre, un pouvoir important sur les provinces du nord-est. Toutefois, cela peut créer des désaccords comme cela a été le cas avec la rébellion matée d'Uesugi Zenshû. Le clan Uesugi reste néanmoins, depuis de nombreuses années, le clan privilégié au poste de Kantô-kanrei, du fait de sa puissance. Une façon comme une autre de tenter de négocier sa fidélité.
L'assignation à résidence à KyotoLes shugo ont ordre de suivre les préceptes du Bushido (la loi des maisons guerrières) et d'avoir une résidence à la capitale, où ils doivent passer la moitié de l'année, ou un an sur deux. C'est dans cette résidence que demeure leur famille, qui devient en quelque sorte l'otage du pouvoir en présence. C'est une façon pour le gouvernement de contrôler les puissants.
Les kuge sont quant à eux constamment à Kyoto. Ils doivent faire vivre la Cour à travers les arts et les cérémonies, et constituent le cercle rapproché de l'Empereur.
L'emprise des shugoLes shugo ont la responsabilité de contrôler les provinces et de collecter les impôts pour le régime Muromachi. Ces taxes frappent toutes les catégories de propriétaires fonciers, de la noblesse aux samouraï. En tant qu'intermédiaires, les shugo en profitent souvent pour augmenter le montant des taxes requises de chaque propriétaire foncier et obtiennent certaines rentes.
Les shugo créent souvent des liens de vassalités avec les kokujin sur les terres au moyen d'une association à trois partis appelée le « contrat shugo » : un noble propriétaire confie la responsabilité de la gestion de ses biens au shugo en échange d'un revenu de fin d'année garanti remis au propriétaire résidant dans la capitale. Le shugo inféode alors des samouraï vassaux sur ces domaines en tant que gestionnaires. Les contrats shugo lient les intérêts du shugo, du samouraï kokujin et du noble mais ne sont pas fondés sur l'égalité des intérêts. Ce sont en réalité des instruments qui permettent au shugo d’empiéter sur les terres. La nature intermédiaire du contrat ne fait aucun doute parce qu'il associe les intérêts de trois groupes de personnes mais il est le plus favorable au shugo qui utilise cet instrument juridique pour développer ses liens de vassalité avec les samouraï locaux (kokujin) et en même temps développer sa base foncière au détriment des kuge (nobles).
Les kuge sont donc dépouillés de leur pouvoir et réduits à attendre leur part de revenue en fin d'année à leur résidence, située à la capitale (Kyoto). Il arrive fréquemment que les shugo et kokujins ne versent pas cette part entièrement, ce qui place la noblesse dans une certaine difficulté. Aussi le noble peut-il embaucher des contrôleurs d'impôt ; malheureusement, la somme demandée par ces derniers est si importante que cela ne crée pas d'intérêts pécuniers, tout du contraire. Avec peu de moyens d'actions, les kuge voient donc s'éteindre leur influence et sont souvent réduits à faire vivre la Cour.
La gestion des provincesLes shugo ont tendance à s'entourer de précieux alliés ainsi que de vassaux. Ils distribuent une partie de leur terre à ces vassaux, les shomyô ("petits noms"), les kokujins (samuraïs dirigeant un petit lopin de terre) ou les gokenins (anciens seigneurs). Les shugo jurent protection à leurs vassaux ; en échange, ces deniers doivent lui apporter leur soutien en cas de guerre.
Si les Shugô possèdent plusieurs provinces, ils nomment des Shugôdai pour les gouverner.
La voie du BushidoAborder l'obligation de pratiquer les arts du samuraï, la règle du seppuku, le cas des rônins, etc...
III - LA CULTURE, LA RELIGION, LES ARTSReligionLe Shinbutsu shūgō (littéralement « syncrétisme des kami et bouddhas ») désigne le syncrétisme du bouddhisme et du culte des kami shinto qui est la religion du Japon jusqu'à l'ère Meiji. Quand le bouddhisme est introduit en provenance de Chine à la fin de la période Asuka (VIe siècle), plutôt que de rejeter le vieux système de croyances, les Japonais tentent de le concilier avec le nouveau, en supposant que les deux sont vrais. En conséquence, les temples bouddhistes sont attachés aux kami des sanctuaires shinto locaux et réciproquement, et consacrés à la fois aux kami et à Bouddha.
Avec l'avènement de l'ère Muromachi, les propriétaires des shōen (terres provinciales de nobles ou religieux) sont engagées dans une intense concurrence les unes avec les autres pour le partage des terres mais également pour maintenir l'ordre interne. À cet effet se créent des armées privées et apparaît ainsi la nouvelle classe des guerriers laïques (bushi), qui finalement, sous la forme des shugô et des shogun, accèdera au pouvoir réel sur le Japon. Les écoles bouddhistes et leurs temples fondent leurs propres armées pour se défendre des shōen : les moines-guerriers (sōhei), qui peuvent être très dangereux pour les dirigeants laïques. Dans le chaos politique de cette époque, le concept (connu depuis l'époque de Nara) de l'âge de la dégénérescence des dharma est populaire.
Dans le Japon de l'époque de Kamakura se créent de nouvelles et puissantes écoles bouddhistes, qui, pour propager leurs doctrines à la place de l'ancienne noblesse (laquelle a largement perdu le pouvoir réel), s'adressent à présent, à une échelle jusqu'alors inconnue, à toute la population : les écoles de la Terre pure (Jōdo-shū et Jōdo-Shinshū), les différentes sectes du Zen japonais (principalement le Rinzai-shū et le Sōtō-shū) et les fondamentalistes du Lotus de Nichiren et de ses disciples.
CultureLe théâtre Nô, la littérature, les arts
La cérémonie du thé