1. Chronologie

Le Japon prend modèle sur la civilisation chinoise. C'est la première forme d'état structuré. La région du Kinai s'impose comme centre politique. Introduction du Bouddhisme, de l’écriture, de l’architecture et de la sculpture. Construction du premier temple japonais. De nombreuses vagues d'immigration des royaumes coréens marquent la politique et les arts japonais. Une première Constitution de 17 articles voit le jour.


Courte période qui permet l'affirmation du pouvoir central des empereurs. Construction de la première capitale à Nara et de ses grands temples : Todaiji, Kasuga Taisha, etc...


Déménagement de la capitale à Heian-kyo (Kyoto). Fondation d’une monarchie à la chinoise, dominée par la grande famille des régents Fujiwara. La scène politique se divise entre d'un côté le pouvoir impérial, de l'autre celui des chefs de clan. Le Dit du Genji est rédigé (première œuvre littéraire). Développement du bouddhisme avec le moine Kûkai et fondation du temple du mont Koya. Construction du Todai-ji (temple bouddhique) à Nara.
Malgré toute cette évolution, le Japon souffre : des vagues de famines frappent le pays. Les domaines agricoles voient l'apparition de terres privées (shoên) et une certaine forme de compétition commence. L'insécurité gagne le pays, ce qui propulse la création d'une classe de combattants : les Bushi (samouraïs).


Le pouvoir de la cour impériale s’efface devant les clans de samouraïs. Les clans Fujiwara, Minamoto et Taira sont les plus importants. Lutte entre les Minamoto et les Taira durant la guerre de Gempei. Dictature de Taira no Kiyomori, mais victoire de Minamoto no Yoritomo et instauration du premier shogunat (gouvernement des guerriers) à la fin de la guerre, en 1185. Premier régime du Bakufu (shogunat), dit "Bakufu de Kamakura", dirigé officieusement par le clan Hojô. Déménagement du pouvoir à Kamakura dans le Kantô et construction de ses temples dont le Grand Bouddha de Kamakura et le temple Tsurugaoka. Développement du bouddhisme zen par le moine Eisai.
La famille impériale se scinde en deux branches et entre en conflit. Les deux branches trouvent néanmoins un terrain d'entente en formulant la règle de l'alternance (pouvoir échangé entre les deux branches tous les dix ans). Cela profite temporairement au shogunat qui renforce son emprise. Mais le réjouissement est de courte durée. La période s'achève sur de multiples crises (problèmes de distribution des terres, conflits intestins, déclin du clan Hojô, mécontentement des alliés, vagues de violence dans le pays) qui amènent à la restauration de Kenmu, qui sera un échec.

Grâce à la règle de l'alternance, le nouvel Empereur Go-Daigo accède au trône, avec la promesse de le laisser à la seconde branche impériale dix ans plus tard. Son ascension réunit les opposants au régime et, après deux complots infructueux, l'Empereur entre dans la guerre de Genko, de laquelle il sortira victorieux avec le soutien de clans puissants (dont le clan Ashikaga qui renverse les Hojô à Kyotô et qui aura une importance cruciale pour la suite). En 1333, le régime de Kamakura s'éteint. Débute la restauration du Kenmu.

Le but de l'empereur est d'installer un nouveau régime autoritaire. Il offre à son fils, le prince Morinaga, la place de Shogun. Il chasse les Hojô de Kamakura grâce à l'appui du clan Nitta. Il tente de réunir les pouvoirs administratifs et militaires, et rallie à sa cause les clans de l'Ouest, au détriment des autres, notamment ceux du Kantô. Pour asseoir sa place, il tente de diviser les principaux chefs de clans. Il vivifie la rivalité déjà présente entre Ashikaga Takauji et Nitta Yoshisada, comptant parmi les généraux les plus redoutables, sur fond d'histoire de prestige et de noblesse.

Mais la maladresse et la lenteur du nouveau système mis en place coûtent chers au nouvel Empereur, tout comme ses complots. De nombreux guerriers viennent protester jusqu'à la capitale pour régler leurs comptes. Kyôto devient une ville fustigée par la violence. Des rumeurs circulent sur d'éventuels complots orchestrés par l'empereur lui-même. Son fils, le prince Morinaga, réputé pour avoir participé aux conflits précédents en commandant des sôhei et des akuto, est accusé de complot par Ashikaga Takauji en personne. L'empereur, craignant une rébellion encore plus violente, se défausse de son héritier qu'il livre en otage au frère cadet de Takauji, Tadayoshi, qui gère les affaires dans la province du Kantô, depuis Kamakura (ancien fief des Hojô).

Le clan Hojô, voyant la position de l'empereur vaciller, profite de ce moment pour tenter de reconquérir son ancien fief lors de la rébellion Nakasendai. Ralliant les mécontents à leur cause, ils marchent sur Kamakura et écrasent Ashikaga Tadayoshi, qui fait exécuter le prince Morinaga par précaution et fuit vers la province voisine.

Ashikaga Takauji, suite à la défaite de son frère et s'appuyant sur la mort du prince Morinaga, réagit spontanément en demandant la place de shogun à l'empereur, ainsi qu'un ordre de mission officiel pour récupérer le Kantô en déclarant la guerre au clan Hojô. Mais Go-Daigo s'y refuse. Takauji décide donc de désobéir, rompt son serment d'allégeance pour l'empereur et reprend Kamakura en écrasant le clan Hojô. Il s'auto-proclame alors nouveau shogun.

Dans la foulée, il se révolte contre l'empereur. Après avoir repoussé Go-Daigo, il s'empare de Kyotô en 1336 et installe Komyo, de la deuxième branche impériale, sur le trône. Grâce au code de Kenmu, il réinstaure le régime du Bakufu, prenant appui sur la noblesse, les guerriers et les religieux. Go-Daigo s'enfuit plus au Sud avec les symboles impériaux. Commence alors une période de confrontation entre la Cour du Nord et la cour du Sud, pendant laquelle deux lignées d'empereurs se disputent la réalité du pouvoir impérial.


Le shogunat de Kamakura est donc renversé par Ashikaga Takauji, qui fonde le 2e shogunat et réinstalle le pouvoir à Kyoto. Instauration de la féodalité japonaise, et fusion de la culture des samouraïs et de la cour, entraînant une floraison des arts. Développement de la cérémonie du thé et du théâtre Nô. Construction des plus célèbres temples de Kyoto (dont le Kinkaku-ji).

À la faveur de l'incident de Kan'ō, à partir de 1349, la cour du Sud parvient, de manière éphémère, à exploiter un affrontement au sein du clan Ashikaga, et réoccupe un temps Kyoto. Les deux frères, Takauji et Tadayoshi, ne parviennent pas à se partager le pouvoir efficacement. Tadayoshi, détenant le pouvoir judiciaire légué par son frère, conteste les procédés utilisés par le Shogun pour récompenser ses partisans. Le conflit s'envenime et Tadayoshi est forcé de quitter le gouvernement. Il s'associe alors à la branche dissidente (cours du Sud) pour se révolter. Il parvient à écarter Takauji de façon éphémère et s'empare de Kyotô. Mais en peu de temps, le Shogunat reprend le dessus et Tadayoshi meurt par empoisonnement dans des circonstances suspectes.

La crédibilité de l'Etat est fortement entamée suite aux troubles récents (scission de la famille impériale, Cours du Nord et Sud, complots successifs, etc...). La fidélité des vassaux envers les seigneurs n'est plus garantie, les provinces deviennent quasi-autonomes et les paysans qui exploitent les domaines en profitent pour s'organiser sous la forme de ligues nommées Ikki, qui rassemblent des seigneurs de petites propriétés rurales, des jizamuraï, des paysans, des sôhei et parfois mêmes des akuto.

Le clan Ashikaga continue de régner en tentant d'apaiser les conflits importants qui bousculent le régime. Les shugo s'émancipent d'un pouvoir trop centralisé. Malgré tout, le pouvoir commence à se stabiliser vers la fin du siècle grâce à différentes mesures prises par le gouvernement. Le conseil des kanrei et l'assignation à résider soit à Kyôto pour les familles des shugo de l'Ouest et Sud, soit à Kamakura pour les autres, permettent de créer une hégémonie entre le shogunat et la cour impériale et d'ouvrir les chefs de guerre aux arts avec les nobles. Tout cela donne une légitimité au gouvernement en place. En 1392, l'empereur du Sud, convaincu notamment le chef du clan Ôuchi, décide de se résigner, ce qui permet la réunification des deux cours impériales.

Cette ère est marquée par les oppositions entre le shogun Ashikaga Yoshimitsu (3ème shogun) et Yamana Ujikiyo, chef du clan Yamana, qui avait le contrôle sur onze provinces. Le clan Yamana se targuait d'être parmi les plus puissants du Japon, et cela ne plaisait ni aux shugo concurrents, ni au shogun. Ashikaga Yoshimitsu a donc profité de cette situation de tensions pour provoquer les chefs du clan, déclenchant une rébellion. Le clan Yamana décide alors de lancer des campagnes militaires aux abords de Kyotô ; Ashikaga Yoshimitsu réplique et s'appuie sur les clans hostiles aux Yamana comme les Howokawa, les Hatakeyama et les Ôuchi pour les écraser à la capitale.
En 1392, le shogun Yoshimitsu parvient à réconcilier les Cours du Nord et du Sud sous le règne de Go-Komatsu. Il accepte le titre de "roi vassal de la Chine" que lui attribue l'Empereur Ming, avant de se retirer en 1394.
Durant cette période, le pays est également victime d'une épidémie de peste.


1394 : Ashikaga Yoshimitsu cède officiellement sa position à son fils, Yoshimochi, alors âgé de 8 ans. Cette succession n'est que symbolique, puisque Yoshimitsu continue de tirer les rennes du pouvoir derrière son fils.
1396 : Les familles Ōuchi et Ōtomo conspirent contre Imagawa Sadayo, célèbre pour ses campagnes dans le Kyûshû. Sadayo est démis de ses fonctions.
1397 : La construction du Kinkaku-ji commence. Yoshimitsu ordonne au clan Ôuchi d'attaquer le clan Shoni.
1399 : La rébellion Ōei commence. Ōuchi Yoshiharu est convoqué par le shogun à Kyôto pour une assignation à résidence ; mais le chef du clan, le même qui avait contribué à écarter la menace du clan Yamana et permit en partie la réconciliation des deux Cours, et qui avait attaqué et affaibli les Shoni deux ans plus tôt, apprend la duplicité du shogun : le clan Shoni avait, en effet, était sommé par le shogun d'attaquer les Ôuchi. Comprenant la supercherie, Ôuchi Yoshihiro lève une armée contre le shogun Ashikaga Yoshimitsu ; ce dernier en profite pour le déclarer ennemi du régime. Lors de la bataille de Sakai, Yoshimitsu prend appui sur 5 shugo (les Hosokawa, les Akamatsu, les Kyogoku, les Shiba et les Hatakeyama) pour submerger les ouvrages défensifs des Ôuchi en mettant le feu à la ville. Avec 30 000 guerrier shogunaux contre 5 000 du côté Ôuchi, le chef du clan, Yoshihiro, est forcé de capituler et se suicide (seppuku).
1401 : Le palais impérial est incendié.
1408 : Mort de Yoshimitsu. Yoshimochi devient shogun de son propre chef.
1409 : Ashikaga Mochiuji devient Kantō-kubō. Le Kantô-Kubo siège à Kamakura et seconde le shogun dans sa tâche d'administrer le pays. Ce rôle, plus important encore que celui des kanrei, est presque l'égal de celui de shogun.
1411 : Yoshimochi rompt les relations avec la Chine.
1412 : L'empereur Shōkō devient le nouveau souverain à la suite de l'abdication de son père, l'empereur Go-Komatsu. Son couronnement officiel intervient deux ans plus tard. Shōkō n'a que douze ans lorsqu'il commence à vivre dans le daïri, mais Go-Komatsu, en tant qu'empereur cloîtré, conserve toujours la direction de la cour et le shogun est chargé de la surintendance générale des affaires jusqu'à sa mort.
1413 : Le shogun Ashikaga Yoshimochi tombe malade et envoie un ambassadeur au sanctuaire Ise-jingū prier pour le retour de sa santé.
1413 : L'empereur Go-Komatsu abdique. L'empereur Shōkō accède au trône en violation de l'accord. Renouveau des hostilités entre le shogunat et les partisans de la Cour du Sud.
1415 : Couronnement de l'empereur Shōkō.
1415 : Dissensions entre Ashikaga Mochiuji, le Kantō-kubō à Kamakura et le kanrei Uesugi Zenshū. Le Kantô-kubo se montre particulièrement excessif dans sa façon d'imposer le régime. Uesugi Zenshū se rebelle en s'associant aux clans mécontents du Nord et de l'Est, et s'empare de Kamakura.
1417 : La rébellion d'Uesugi Zenshū est réprimée par Mochiuji qui reprend Kamakura. Zenshū se suicide.
1419 : L'invasion Ōei est une opération militaire de la dynastie Joseon dans la province de Tsushima (Île Tsushima). Les forces militaires des Joseon se concentrent sur les pirates (wakō) qui ont établi des bases à partir desquelles ils lancent des attaques le long des côtes de la péninsule coréenne. Plus de 200 navires et 17 000 combattants prennent part à cette expédition militaire.
1420 : Une grave famine cause de nombreux morts.
1422 : Renouveau des partisans du sud.
1423 : Le shogun Yoshimochi se retire en faveur de son fils, Ashikaga Yoshikatsu qui a dix-sept ans.
1424 : Mort de Go-Kameyama.
1425 : Le shogun Yoshikatsu meurt à l'âge de dix-neuf ans n'ayant administré l'empire que trois ans seulement.
1425 : Après la mort de Yoshikatsu, Yoshimochi reprend les responsabilités de la charge.
1428 : Mort de Yoshimochi et de Shōkō. L'empereur Go-Hanazono accède au trône après une deuxième violation de l'accord, à l'âge de 10 ans.
Rébellion de Shōchō par les bashaku d'Otsu et Sakamoto dans la Province d'Ōmi.


1429 : Ashikaga Yoshinori est honoré à la cour, puis nommé shogun par tirage au sort.
1430 : L'armée du Sud capitule.

La crise de famine qui a frappé le pays commence à s'apaiser, pourtant la peur de la faim consume toujours les esprits. Pire que la guerre, le peuple craint la disparition des ressources.
Le Kantô-kubo, Ashikaga Mochiuji, continue de marquer son territoire et son caractère abrasif excède ses vassaux. Ses menaces vont directement à l'encontre du clan Uesugi qu'il a déjà réprimé une dizaine d'années auparavant, mais elles s'adressent également aux clans Oda et Takeda. Le mécontentement règne toujours et les tensions sont plus palpables que jamais. Le souvenir du seppuku d'Uesugi Zenshû est encore présent.
Les wakô continuent de menacer les côtes. Le shogun est toutefois prêt à mettre en place un blocus maritime pour y faire face. L'idée ne plaît guère, notamment pour les pêcheurs et les shugo des îles (Kyûshu, Shikoku, Okinawa et Hokkaidô), qui refusent de se soumettre à ce genre de contrôle et craignent pour leur économie. Un premier soulèvement de la ligue Ikki se profile, pour autant le shogun se déclare prêt à réagir et à "faire l'exemple".
Pour peu que l'armée du Sud ait capitulé, la place de l'Empereur semble toujours remise en question. Une rumeur plane concernant la possibilité d'employer des ninja pour l'assassiner. L'Empereur, en réaction, a décidé de renforcer la garde à Kyôto : toutes les rues de la capitale accueillent des patrouilles de soldats.